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LA BOUTIQUE de LUCOS

 

Je profite de cette page pour remercier la famille Ricard qui m'a permis d'installer mon camp de base sur l'île de Bendor.

 

 

 
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Je jette un dernier regard en arrière mais je suis déjà en mer.

L'oiseau déploie ses ailes neuves.

Dès la sortie de la baie : cap au sud.

 

 

Une météo agréable m'accompagne durant les premiers jours. De nombreuses finitions, rangements et réglages occupent mes journées mais, rapidement le premier coup de vent me tombe dessus, gentiment, sans prévenir. C'est une bonne chose ! Je suis impatient de connaître les réactions de mon nouveau gréement.

 

Le régulateur d'allure est un appareil à la fois sophistiqué et rustique qui permet de diriger le bateau en se basant sur la direction du vent. Si ce dernier tourne, le voilier tourne d'autant, ce qui peut être un avantage ou un inconvénient selon les circonstances. Ce système de pilotage automatique à l'intérêt de ne consommer aucune énergie extérieure : le vent et la vitesse du bateau suffisent à gouverner. De plus, l'entretien et toutes les réparations sont possibles avec quelques outils, des pièces de rechanges et un peu d'ingéniosité. " Arthur ", c'est son nom, gouverne non stop sans gémir tous les jours.

 

Je gonfle l'annexe et m'éloigne du bateau à la rame. Un seul petit souffle de vent et la situation deviendrait grotesque. Il est rassurant de faire, à l'occasion une chose aussi stupide.

 

 

 

" Dimanche 14 novembre ; 08.00 heures ; Vent d'ouest : 30/40 nœuds Enfer toute la nuit, le vent a forci progressivement en début de soirée. Je ne portais qu'un petit bout de génois. Le bateau surfait bien entre les vagues, mais il roulait énormément. Ça passait quand même ! Vers 22.00 heures, une houle du sud-ouest est rentrée, croisant avec celle du nord-ouest. J'étais à la limite du raisonnable. Il n'y avait qu'une chose à faire : continuer d'avancer. Vers minuit, j'étais allongé sur la bannette, légèrement assoupi mais attentif à tous les bruits. Une déferlante arriva, une locomotive lancée à fond. Elle arrivait très vite. Je n'ai rien pu faire si ce n'est de me cramponner. L'arrière du bateau s'est soulevé, l'avant a plongé sous l'eau, freinant l'avance puis l'arrière a dérapé, le bateau s'est couché et, pendant de longues secondes la déferlante a emmené l'ensemble avec elle. Puis, tout est revenu dans l'ordre. Le mât n'était pas loin de planter dans l'eau. Je m'en sors bien ! " (extrait du journal de bord)

 

Lorsque je suis allé ferler la G.V., à quatre pattes, cramponné sur le pont, je n'en menais pas large. Le baromètre descend encore, les conditions vont se dégrader encore. Le pont est sous l'eau en permanence, l'intérieur est humide et froid. Je ne quitte pas le ciré pendant des jours.

 

Le méridien 180° vient d'être franchi. La moitié de la route est derrière. Dorénavant, je suis sur le chemin du retour.
C'est également la ligne de changement de date : nous sommes le mercredi 01 décembre, et nous le serons également demain.

 

A bord, la seule prévision météo est le traditionnel baromètre. Il annonce une dégradation du temps mais il est déjà trop tard pour m'échapper suffisamment loin de la dépression. Vingt quatre tempêtes vont ainsi me tomber dessus sans que je ne puisse rien faire durant mon séjour dans les 40ème et 50ème. Au cours de la première phase du coup de vent, le vent souffle du nord-ouest : environ 30 nœuds et des vagues de 6 mètres de haut. La navigation est agréable car la mer est bien ordonnée. Dans la deuxième phase, le vent tourne brusquement au sud-ouest et grimpe à 45 nœuds, ponctuellement plus, le baromètre remonte en flèche. Une nouvelle houle croise alors avec l'ancienne et ce phénomène engendre un train de vagues énormes qui déferlent de leurs douze mètres de haut.

 

 
 

La G.V. est ferlée, la bôme et tous les cordages amarrés solidement. Le bateau reste dans un certain axe par rapport au vent grâce à deux mètres carré de génois tendu à bloc et la barre fixée au milieu, légèrement sous le vent. Il n'y a pas de raison à rester sur le pont. En ciré et bottes, pendant une vingtaine d'heures " Le Furieux " est chahuté copieusement. L'arrière est soulevé, l'avant plonge sous l'eau, ou la vague arrive de côté et couche le bateau pour le traîner sur des dizaines de mètres, submergé par l'écume, ou la déferlante semble tomber du ciel et la coque s'enfonce de plusieurs mètres sous l'eau, ou... la liste complète des situations est longue. Pendant ce temps, je me cramponne comme je peux, je pompe car l'eau s'infiltre par différent endroits. " Le Furieux " n'est pas conçu de la même façon qu'un sous-marin.

 

L'albatros est ici chez lui...

 

Le grand labbe aussi !

 

  Lundi 3 décembre 1994  

Le jour se lève, le vent est nul, la brume se dissipe et le soleil va se montrer. La Terre de Feu m'apparaît et je vois ce bout du monde. Cent quatre vingt deux jours de mer, depuis le départ, pour contempler béatement un rocher noir !

 

 Le bateau dérive au gré du courant toute la journée. Le vent est absent : pétole ! Je vois le cap Horn disparaître lentement derrière l'horizon. Je flotte sur un autre océan. Depuis deux jours le soleil ne s'est pas montré et le sextant est resté dans sa boite. Estimer la route suivie devient aléatoire car le courant augmente au parage de la pointe sud de l'Amérique. Le brouillard, un dauphin et de nouveaux oiseaux aperçus ce matin sont des signes évidents que la terre approche. Mais je n'ai pas de certitude quant à ma position exacte. La nuit je descends dans le sud qui est libre de terre, la journée je remonte dans le nord afin de tenter de l'apercevoir. Soudain, à seulement quelques centaines de mètres, l'île Hermite surgit à travers la brume. Je longe la côte et suis très impressionné par le ressac énorme de cette houle qui se fracasse contre le rocher. L'ambiance est sinistre. La nuit tombe, le vent aussi et me laisse planté là, le courant me déporte dans l'ouest et me pousse dans l'océan Atlantique.

 
 

A bord, la vie quotidienne est difficile. Le matelas, les couvertures, mes fringues et tout le reste sont trempés, imprégnés de sel. La farine, moisie, est passée par dessus bord ainsi que nombre de choses. J'ai froid et je suis fatigué. Malgré ces difficultés, le moral est au beau fixe. Je dois dire, à ce sujet, que le doute ne m'a jamais effleuré depuis le départ. La solitude ne me gène absolument pas et je profite pleinement de cette expérience unique avec un bonheur exquis. Ma famille et mes amis occupent régulièrement mes pensées et ceci, toujours d'une manière positive. J'ai le regret de vous dire que vous ne me manquaient pas mais je suis persuadé qu'à mon retour les liens seront d'autant plus forts.
" Navigateur solitaire " n'est pas synonyme de misanthropie.

Rencontre du bout du monde, trois jours après avoir doublé le cap Dur.

     

 

 

   

 

Liste du matériel de navigation

Sondeur V.H.F.
Compas de cockpit
Compas de relèvement
Sextant Tables H.O. 249 volumes 1 & 2
Ephémérides en cours

Règle Cras
Compas à pointes sèches
Montre avec fonction baromètre
Crayon à papier
Gomme
Cartes marines
 
N° 6561 Atlantique nord
N° 6808 Atlantique sud et ouest
N° 6809 Océan Indien sud
N° 5438 Océan Pacifique sud
N° 7044 Atlantique sud et est

 

Le matériel stocké dans les coffres extérieurs commence à moisir.

Trempez votre matelas, vos couvertures, oreillers et votre linge dans la mer, bien égoutter et faite sécher le tout dehors un jour de brume. Vivez et dormez dans cette ambiance pendant cinq mois et vous aurez un aperçu de la situation.

Une bonne caisse à outils et un peu d'ingéniosité est nécessaire.

 

Un de mes combats permanent est de limiter les infiltrations d'eau. Hublots, W.C., panneau coulissant, porte d'entrée et beaucoup d'autres possibilités pour l'eau de mer de pénétrer à l'intérieur est maintenir une ambiance trempée à souhait.

 

" Tout a bien séché mais reste saturé de sel. Dés que le soleil se couche, tout redevient vite moite. J'ai quitté les collants polaires, le pantalon chaud, un des deux pulls et une de mes deux paires de chaussettes. Le temps s'améliore progressivement. " (extrait du journal de bord)

 

Passé le cap Horn, deux semaines de route sont nécessaires pour sortir définitivement des 40ème et retrouver un climat clément : les alizés. Je laisse derrière moi la houle et les tempêtes des mers du sud. L'histoire n'en est pas pour autant terminée, plus de six mille kilomètres devant l'étrave restent à parcourir.

  Menu du jour
Poisson pêché du jour à la ligne sur son lit de pâte à l'huile d'olive Pèches au sirop et ses petits sablés Café à l'italienne A.O.C. Bandol " Château la Noblesse "
 
 

 
       

 

Le cap Horn n'est qu'un point de passage. Certes, les mauvaises tempêtes, la traîtrise des vagues déferlantes, le froid et l'humidité sont derrières mais la route est encore longue et les pièges encore nombreux. Je reste vigilant et le relâchement n'interviendra que lorsque le bateau sera à quai. Le trafic maritime augmente considérablement et, croiser un navire par semaine devient fréquent. Le réveil sonne toutes les vingt minutes, je monte sur le pont et balaye l'horizon. La remonté, au large de l'Argentine puis du Brésil, par l'alizé du sud-est est douce : vent portant, stable, chaud et sec. Bronzage intégral et longues siestes occupent mes journées. Je franchi l'équateur et fête le retour dans l'hémisphère nord.

   

 

Une bécasse épuisée me fait la surprise d'une visite.

  Les dauphins méditerranéens sont joueurs.  

Première rencontre insolite, Gibraltar est à deux jours de mer.

 
 

 
 

Si je percute ce cargo, l'effet serai le même qu'un moustique qui s'écrase sur un pare-brise. Bienvenue dans le détroit de Gibraltar.

 

 La dernière nuit en mer s'achève. Le massif de la Sainte Beaume monte sur l'horizon, les falaises des calanques de Cassis sont visibles. La côte approche, " Le Furieux " entre dans la baie de Bandol. La brise de terre diffuse les odeurs de la Provence. Il me semble même entendre les cigales.

 

 

" Chef ! Le voilier que nous pistons depuis Gibraltar, dix jours déjà, avec les avions et tous les radars, ne vient pas de Colombie ! Son patron dit qu'il arrive d'Australie, en solitaire et sans escale... Il nous a repéré depuis cinq jours ! "

 

Il aura fallu vingt ans pour que ce journal de bord voit le jour. Les diapositives faites au cours de ce voyage, stockées au fond d'un carton, étaient sorties de ma mémoire. Après numérisation, restauration de ces photos et relecture du journal de bord, cette aventure me revint en pleine figure, ce qui est beaucoup plus agréable que de recevoir un gros paquet de mer salée et froide. La vue de certaines photos de déferlantes m'impressionnent particulièrement et je trouve, avec vingt ans de recul, que je m'en suis bien sortis : cela aurait pu être pire ! Ce tour du monde ne m'a pas assouvi totalement et la route continue toujours. L'informatique aidant, la réalisation de cet ouvrage devint possible et je suis très fier de vous l'avoir présenté. Luc à bord de " Roxane "

 
  A terre, personne ne se doute de mon arrivée et j'amarre seul mon brave voilier à quai. La nouvelle se propage rapidement et les copains accourent rapidement. Plus de cinq mois ont passé depuis mon dernier contact humain et je m'étonne à parler normalement et répondre de façon cohérente aux questions. Ma démarche est stable, l'euphorie a effacé la fatigue, les douleurs. Une page majeure de ma vie se referme.  

Ma route prend fin ce 29 mars 1994 à 11.30 H. " Le Furieux " est de nouveau amarré sur l'île de Bendor après 267 jours de mer et 50 000 km parcourus sur tous les océans. Mon tour du monde est terminé. Je referme mon journal de bord avec tristesse. Ma famille et mes amis m'attendent...
ma banquière aussi !

 

 
 

Avant de commencer la lecture de ce journal de bord il est nécessaire de remonter le temps, de revenir au siècle dernier, à l'époque où le numérique n'existait pas encore. Après avoir appuyé sur le bouton de l'appareil, les photos s'imprimaient sur un rouleau de pellicule à l'intérieur du boîtier. Ensuite, il fallait qu'un photographe les développe. Cela s'appelait des diapositives. A l'époque, une trentaine de photos avait été tiré sur papier et les diapositives été remisé dans divers endroits au fil de mes déménagements. Depuis presque vingt ans je n'avais revu aucunes d'elles. Après la sortie de mes deux carnets de voyage, " Le passager du nord-ouest " et " Voyage au Spitsberg ", je devais tenter une récupération de ces diapositives afin de pouvoir vous présenter " Sur la route des clippers ". Après quelques tentatives désastreuses de numérisation diverses et folkloriques, je suis désespéré. De plus, Je constate rapidement que les photos ont toutes de minuscules taches d'humidité, une cinquantaine de moyenne chacune. A ce moment précis de l'histoire, Michel Gilbert fait son entrée dans le projet. Nous nous connaissons et enseignons le ski ensemble depuis de nombreuses saisons. Il est féru de photographie et possède un scanner diapositive professionnel. C'est mon jour de chance, je ne pouvais espérer mieux. Commence alors un long travail de numérisation, de suppression des fameuses cinquante taches par photo, puis recadrage et enfin travail des couleurs. Michel, je te remercie de ne pas m'avoir facturé tes heures passées devant ton ordinateur. Sans tes compétences et ta patience cet ouvrage serais plus terne. Je te remercie sincèrement. Note de l'auteur

 
       
 

Retour au 6 septembre 1992

 
 

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